mardi 17 mars 2015

« Conseiller général, c'est le mandat de la simplicité » Article Le Parisien: interview de Gérard Veron



« Conseiller général, c'est le mandat de la simplicité »

A quoi servent au juste ces élus, qui vont d'ailleurs devenir des conseillers départementaux à l'issue du scrutin des 22 et 29 mars ? Reportage auprès du doyen de l'assemblée de la Sarthe.

Cérans-Foulletourte (Sarthe), hier. Gérard Veron confie avoir « fait le maximun » pour défendre son territoire pendant ses vingt-deux ans de mandat de conseiller général.
Cérans-Foulletourte (Sarthe), hier. Gérard Veron confie avoir « fait le maximun » pour défendre son territoire pendant ses vingt-deux ans de mandat de conseiller général. (LP/Philippe Lavieille.)
Gérard Veron, 79 ans, ancien agriculteur comme le furent son père et son grand-père, s'excuse presque. « Je vous le dis tout de suite, j'aime la simplicité, je n'ai pas mis de cravate ! » lâche-t-il en nous accueillant à sa permanence de conseiller général au premier étage de la mairie de Cérans-Foulletourte.
Le doyen du conseil général de la Sarthe, qui a décidé ne pas se représenter après vingt-deux ans de service, aime s'afficher comme « un homme de la base » et du « bocage ».

« Moi, je n'ai pas la grosse tête, je ne recherche pas la publicité. Le mandat de conseiller général, c'est celui de la simplicité. C'est un plein-temps, faut être bosseur sinon vous êtes vite débordé », prévient cet élu divers droite, fier tout de même de pouvoir évoquer ses missions. « C'est important de parler de ce que fait au quotidien un conseiller général. Aujourd'hui, le débat est monopolisé par le futur score du FN », regrette-t-il. En plus de deux décennies à l'hôtel du département du Mans, il a endossé le costume de VRP pour son fief très rural, bataillant ferme pour initier des chantiers. « Mon rôle, c'est d'être proche des électeurs. J'ai fait le maximum. J'avais un territoire à défendre. Il faut se bagarrer, réussir à convaincre les autres élus, aller voir le président... » résume-t-il.


Des inquiétudes pour l'avenir de l'institution

A son tableau de chasse, la construction d'une maison de retraite ou de trois ronds-points. Et la rénovation d'un collège. « Ça, c'était mon premier dossier quand je suis arrivé. On a changé les fenêtres, on a refait les peintures, tout le look extérieur », s'enthousiasme-t-il. Des neuf communes de son canton, l'ancien édile de Cérans-Foulletourte, de 1983 à 2008, jure qu'il n'a jamais privilégié la sienne. « Je me suis occupé de tous les villages de la même manière. Je n'ai rien contre les gens de la gauche. On peut être conseiller général sans faire de la politique », assure-t-il.

Pendant dix-huit ans, l'ex-éleveur de vaches laitières a aussi présidé la commission de l'agriculture. Il se souvient, nostalgique, que dans les années 1990, le monde paysan bénéficiait de « sacrés coups de pouce » du conseil général, qui ont disparu. « On accordait une subvention aux jeunes qui s'installaient, on aidait à l'irrigation, à l'achat de taureaux améliorateurs, et puis l'Europe est arrivée et tout s'est arrêté. » Quelques subventions individuelles restent allouées aux agriculteurs se tournant vers le bio ou aux arboriculteurs dressant des filets paragrêle.

A sa permanence, Gérard, qui touche une indemnité de quelque 2 000 € net par mois, en a vu défiler des habitants... et des requêtes, même celles qui n'étaient pas de sa compétence. « J'ai eu un monsieur qui me demandait un logement parce qu'il envisageait de divorcer dans un an. » Toutes les associations sont passées dans son bureau pour obtenir des subsides. Le Père Noël de la République disposait d'une enveloppe annuelle de 15 000 € à partager en plus de 100 parts plus ou moins égales. « Il y en a beaucoup qui ont eu 100 EUR, pas plus », précise-t-il.

Sa fonction est souvent dans l'ombre. Mais elle peut s'avérer de temps en temps « gratifiante ». « J'ai reçu parfois des courriers de remerciement. Mais c'est maintenant, au moment de partir, que je vois ce que les gens pensent de moi. Lors de la dernière réunion à ma commission, j'ai été applaudi. » Bientôt octogénaire, il s'inquiète « un peu » pour l'avenir de son institution qui deviendra à l'issue du second tour un conseil départemental, avec des prérogatives pour l'heure encore floues. « Il ne faut pas qu'il s'éloigne de la base, c'est là où il est le mieux représenté », espère-t-il.

Source Le Parisien 17/03/15

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